26 août 2016
Deux fois deux
Ça va mal. Il s’est formé une âme en vous.
Evguéni Zamiatine
Antonio Saura, illustration pour 1984 de G. Orwell, Barcelona, Galaxia Gutenberg, Círculo de Lectores, 1998
Sont exposées jusqu’au 25 septembre à la Fondation Jan Michalski une centaine d’œuvres du peintre espagnol Antonio Saura qui entretint toute sa vie des rapports étroits avec la littérature, écrivant lui-même au sujet de sa peinture et illustrant plusieurs monuments littéraires dont le Don Quichotte de Cervantes, le Journal de Kafka et 1984 de George Orwell. En évoquant les illustrations qu’il réalisa pour ce dernier roman, Antonio Saura écrira :
12 août 2016
En attendant Robot
Grotte Chauvet, Panneau des Lions
Depuis que la grotte dite de Chauvet a été découverte en 1994 par trois spéléologues, son art pariétal datée de 31 000 années – ce qui en fait la plus ancienne cave décorée de l’humanité – n’est visible chaque année que par un nombre restreint de personnes. Nous nous souvenons de l’excellent documentaire du cinéaste allemand Werner Herzog, La grotte des rêves perdus sorti sur les écrans en 2010, qui avait pu se rendre brièvement sur les lieux accompagné d’une équipe de tournage réduite.
23 juin 2016
Quito, avant la pluie
Paula Parrini, Barrio
Quelques mois après la publication de Terre trois fois maudite de César Ramiro Vasconez narrant les tourments du poète Alfredo Gangotena sous la forme d’un journal apocryphe, les éditions MEET remettent la littérature équatorienne en avant avec Au sud de l’équateur d’Edwin Madrid ; une littérature peu connue ou reconnue faute peut-être de n’avoir eu un véritable écrivain-éclaireur qui se serait inscrit dans le boom latino-américain des années soixante-dix comme ses voisins péruviens et colombiens. Il en est resté une littérature que l’on taxe un peu rapidement d’indigénisme. Son auteur le plus représentatif internationalement fut Jorge Icaza (1906-1978) et son célèbre Huasipungo (1934). (suite…)
Classé dans: 4.81 Littérature équatorienne
16 juin 2016
Rien n’est fermé jamais : Nezami, Ferdowsi, Khayyam & Attar
© Jeremy Suyker, Zurkhaneh
En 2008, un bien curieux film d’Abbas Kiarostami sortait sur les écrans : Shirin. Le cinéaste iranien filmait une représentation théâtrale du calvaire de Khosrow et Chîrîn tirée d’un poème de Nezami. Or ce n’était pas la scène qui était filmée mais le visage de 108 spectatrices tout au long de l’heure et demi que dure le film. S’offrait alors un beau film-miroir rythmé par la bande-son des vers du poète du XIIème siècle déclamés par les acteurs. Nous pouvions constater à quel point la poésie en Iran n’était pas seulement un printemps mais aussi et surtout quelque chose de beau et de vivant.
Classé dans: 3.15 Littérature iranienne
29 mai 2016
Sous les espèces du silence
Man Ray, Portrait de Benjamin Fondane
Charlie Chaplin a désormais son musée en Suisse. On sait par tous les écrits de l’époque (ceux de Desnos, d’Aragon, Cendrars, Fernand Léger, etc.) comment, dans les années vingt, les films du petit vagabond soulevèrent l’enthousiasme de tous les milieux d’avant-garde. Surtout connu comme poète et philosophe, Benjamin Fondane fut également un excellent critique et théoricien du cinéma. Lorsqu’au milieu des années vingt il quitte la Roumanie pour Paris, où il marche sur le fil de toutes les avant-gardes, lui aussi partage l’enthousiasme général pour le film muet.
10 mai 2016
Les traîneries monstres
Robert Rauschenberg, Riding bikes, 1998
La forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel, Hanns Zischler pourrait faire sien les vers de Charles Baudelaire pour son Berlin est trop grand pour Berlin. De destructions incessantes (et cela même avant les bombardements de la deuxième guerre mondiale) en reconstructions sans plan réel d’urbanisme, la ville de Berlin n’a jamais réussi qu’à devenir le fantôme de la ville internationale qu’elle voudrait être. La réédition de ce Berlin est trop grand pour Berlin (épuisé dans une version courte depuis quelques années) aux éditions Macula est la bienvenue pour comprendre cette histoire et la sensation étrange que l’on peut ressentir en déambulant dans cette ville.
Classé dans: 7.10 Littérature allemande, VARIA
4 mai 2016
Les cailloux de Cayenne
© Sam Winston, Drawing On Memory
Avec son autobiographie Just Kids (2010), Patti Smith revenait avec beaucoup de délicatesse sur son enfance en Illinois mais aussi et surtout sur ses premières années new-yorkaises et la vie qu’elle partagera avec le photographe Robert Mapplethorpe. La chanteuse américaine nous faisait plonger dans ce New-York en ébullition du début des années soixante-dix en nous narrant son chemin artistique qui aboutira à l’album Horses et lancera sa carrière de rockeuse en 1975.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine, VARIA
7 avril 2016
Surpris par la nuit : les objectivistes américains
Louis Zukofsky et Paul Blackburn © 1997 Elsa Dorfman (it’s our tiny refrigerator)
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« Sincérité et objectivation », « Je vois une chose, elle m’émeut, je la transcris comme je la vois, je m’abstiens de tout commentaire ». C’est ainsi que Louis Zukofsky et Charles Reznikoff décrivaient ce mouvement mis au goût du jour avec la publication du numéro que leur a consacré la Revue Poetry en 1931. S’ajoutent à ce petit groupe, George Oppen et Carl Rakosi. Aussi pourrait-on y accoler un cousin anglais, Basil Bunting qui, à la même époque, traçait une veine poétique similaire. Inspirés par Ezra Pound et Carlos Williams Carlos, leur influence n’a cessé de croitre tout au long du XXème siècle.
Classé dans: 8.20 Littérature américaine
6 avril 2016
L’œuvre-monde de Mario Vargas Llosa
Stuart Franklin, At the Malecon in Miraflores, 2007
C’est probablement son rêve d’étudiant liménien qui se réalise pour Mario Vargas Llosa avec la publication dans la collection de Pléiade d’une partie de son œuvre. Après avoir été lauréat en 2010 du Prix Nobel de littérature, cette prestigieuse édition en deux tomes (c’est lui qui a choisi les romans qui y figurent) offre d’une façon méritée à Mario Vargas Llosa une seconde récompense de choix. Ecrivain acharné – comparé avec affection à un rhinocéros par Julio Cortázar – tant dans le genre romanesque, l’essai ou encore les pièces de théâtre, Mario Vargas Llosa a eu une production ample et singulière. Cette dernière compte aujourd’hui plus d’une trentaine de titres s’affirme comme l’une des plus conséquentes d’Amérique Latine à l’instar de Jorge Luis Borges, Octavio Paz, Julio Cortázar, Gabriel Garcia-Marquez ou encore Carlos Fuentes.
Classé dans: 4.87 Littérature péruvienne
27 mars 2016
On a clothesline
Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes et on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme.Arthur Cravan
Mina Loy, Christ on a clothesline
Chevalier d’industrie, marin sur le Pacifique, muletier, cueilleur d’oranges en Californie, neveu d’Oscar Wilde, bûcheron dans les forêts géantes, petit-fils du chancelier de la reine, chauffeur d’automobile à Berlin, cambrioleur, poète et boxeur, Arthur Cravan n’a pas épuisé tous les possibles de ses métamorphoses.
Classé dans: 2.10 Littérature française, VARIA